Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/55

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C’est là, paraît-il, ce que l’on me reproche.

La belle affaire ! Mais aurait-il donc fallu que je lui découvrisse du génie, à M. du Roure ? Ou tout au moins, devrais-je aujourd’hui, pour me racheter, l’égaler du coup à Brunetière, à M. Jules Lemaître ou à M. Faguet ?

Eh bien non, c’est un ridicule que le Nationaliste n’est pas encore prêt à se donner.

Il y a assez longtemps que les journaux canadiens accablent de tels pavés les intellectuels français. Il y a assez longtemps qu’à cause de ces éloges démesurés et grotesques nous passons, auprès de tous les étrangers de quelque culture, pour un peuple de primaires ou de sauvages.

Depuis dix ans nous avons reçu au Canada, outre les professeurs attitrés de Laval, plusieurs visiteurs de distinction, entre autres M. Brunetière, M. Paul Bourget, M. René Doumic, M. Hughes LeRoux, M. Théodore Botrel.

C’est purement au hasard que je dis ces noms : qui ne sent toutefois, devant cette simple énumération, l’énorme distance qui les sépare les uns et les autres dans la hiérarchie littéraire ?

Or, — depuis dix ans, — je vous défie bien de me nommer, dans toute la presse canadienne, un seul grand journal qui ne leur ait point consacré à tous, et dans toutes les circonstances, exactement le même article. C’est ainsi que M. Hughes LeRoux reçut la même sérénade que