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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/78

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MON ENCRIER

dans mon jardin. » Il l’aurait cru et il aurait pris des actions. C’est comme je vous dis. Ah ! si j’avais voulu en abuser, comme tant d’autres… Mais je n’ai pas voulu. Je n’ai jamais pu être ambitieux, moi.

« Alors le peuple rêve encore de Napoléon, et de plus en plus. C’est pourquoi je vous dis que c’est le prince Victor qui, de tous les prétendants, aurait encore le plus de chances de réussir.

— Mais enfin, dis-je, c’est là une hypothèse infiniment improbable. Pour le moment…

— Pour le moment, interrompit M. Rochefort, il n’y a rien de certain, si ce n’est que nous assistons au règne de l’ouvrier. Vous voyez en ce moment ce Jullian, qui avait été condamné à l’interdiction de séjour et qui cependant reste dans Paris malgré la loi, malgré le gouvernement, malgré tout. Les ouvriers ont dit : « On ne le chassera pas ! » et on ne l’a pas chassé. On ne le chassera pas non plus. Des situations comme celle-là se présentent, vous le savez, pour ainsi dire à tout moment. Les ouvriers font ce qu’ils veulent. Le gouvernement peut bien, à une certaine heure, réprimer plus ou moins leurs entreprises, mais deux jours plus tard ils ont repris le terrain perdu.

— Y a-t-il longtemps qu’ils ont cette influence ?