Aller au contenu

Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


II

L’arrivée.

La prison de Québec, extérieurement, n’offre rien de remarquable. N’étaient les barreaux de fer qui s’entrecroisent aux fenêtres, on dirait tout aussi bien d’un hospice ou d’un couvent. J’ai vu, depuis, dans l’autre Tarascon, l’antique château du roi René, qui sert aujourd’hui de prison à la ville. C’est infiniment plus intéressant.

Mais on ne peut pas tout avoir, et il est permis aux Québecquois de se consoler : si leur prison n’est pas la plus belle du monde, ils ont au moins le plus beau des geôliers, après avoir eu le plus beau des shérifs.

Au reste, je n’étais pas encore descendu de voiture, que je ne pensais plus guère à contempler la façade du monument. L’intérieur me préoccupait bien davantage.

Ce fût le geôlier (en style cellulaire le gouverneur) qui se chargea de m’y conduire.

M. Morin (tel est son nom) n’était pas précisément un inconnu pour moi. J’avais eu l’avantage de causer avec lui, quelque deux semaines plus tôt, au moment où je rendais visite à mon confrère Asselin, qui pour lors moisissait au fond des cachots…

Cette fois-là le gouverneur s’était montré pour moi d’une amabilité touchante. « Ah c’est vous, c’est vous, monsieur Jules Fournier ?… me répé-