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Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/27

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VI

La cellule numéro 14.

À cinq heures, notre garde, ayant achevé sa faction, céda la place à un collègue.

Rapidement, le nouveau venu fit le tour des deux corridors. Il venait de passer la journée en ville, et tournait la tête de tous les côtés en reniflant, à la façon d’un animal brusquement mis en captivité. On eût dit qu’il traînait encore avec lui, dans l’atmosphère étouffant de la geôle, des bouffées d’air libre… Je le plaignis.

Mais, vite apprivoisé, il tira de sa poche une bonne vieille pipe de plâtre, qu’il alluma avec ostentation, et, d’un pas plus tranquille, reprit sa promenade au long des cellules.

Après quelques instants de cette gymnastique, il vint me trouver :

— Savez-vous, me dit-il, qu’on enferme les prisonniers à cinq heures et demie tous les soirs ?

À ma grande confusion, je dus reconnaître que je n’en savais rien. (Hélas, me dis-je en moi-même, encore une chose que mes professeurs ne m’ont pas enseignée…)

— Eh bien, reprit-il, c’est comme cela… À