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Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/31

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VII

Première nuit sous les verrous.
(Les dames sont priées de passer ce chapitre.)

L’instant d’après, j’entrais dans ma cellule pour la nuit.

Une minute peut-être se passa, puis j’entendis résonner sur la dalle du corridor un pas résolu. C’était le garde qui approchait.

Il poussa sur moi la lourde porte, qui se ferma avec un grand bruit de ferraille, et la verrouilla conciencieusement.

Comme déjà je me préparais à me mettre au lit :

— Vous savez, me cria-t-il à travers les barreaux, vous n’êtes pas obligé de vous coucher tout de suite.

Cette parole me charma. Pour une fois, me dis-je en moi-même, voilà au moins de la tolérance : on me donne la permission de rester debout.

Le malheur, c’est que, dans ces maudites cellules, on ne peut faire deux pas sans se cogner contre un mur, et je ne tardai pas à m’en apercevoir.

Je résolus donc de m’en tenir à ma première idée, et de m’installer pour la nuit, sans plus tarder, sur mon gentil grabat.

Comme je devais d’ailleurs continuer de le faire par la suite, j’eus bien soin, ce soir-là, de ne pas enlever mes habits. Je retirai seulement mes souliers, et gardai ma livrée : c’était mon seul