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Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/42

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Vous pouvez penser si j’avais là de quoi faire, comme disait mon médecin, de la suralimentation !

En six jours, — grâce aux amers, je suppose, — j’avais bien pu prendre de huit à dix bouchées à la table pénitentiaire. Je n’exagère pas.

Joignez à cela le repos bien mérité de la cellule (de cinq heures et demie du soir à six heures du matin), dans l’atmosphère parfumée par le voisinage de l’Italien ; les insomnies et les nausées… et dites si je n’aurais pas eu mauvaise grâce à me plaindre !

Le jour même de mon arrivée, j’entendais un garde faire en ma présence cette constatation encourageante, que je n’avais que la peau et les os. Une semaine plus tard, j’avais maigri de quinze livres.

Et le docteur continuait à m’envoyer des amers…

Il est mort depuis ; Dieu ait son âme !