Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/243

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rappeler rinjustc accueil qui lui fut fait par le public et parla presse. Celui-là aussi aura sa revauche. Lassitude et dégoût furent alors complets. Le poète, n’ayant plus où se prendre, se prit à la politique. Le théâtre ne lui étant plus une tribune, il en voulut une autre, celle de la pairie. Comme membre de l’Académie française depuis 1841, il y avait droit. Il se laissa donc faire pair de France. Le poète disparaissant, pour ne reparaître qu’à une époque tout à fait en dehors de celle que nous nous sommes fixée, notre notice s’arrêtera ici.


LA CANADIENNE SUSPENDANT AU PALMIER LE TOMBEAU DE SON NOUVEAU-NÉ.

élégie


Sur ce palmier qui te balance,
Dors, tendre fruit de mon amour ;
Mes bras, quelques instants, ont porté ton enfance,
Ce fragile palmier te soutient à son tour ;
Ainsi me berçait l’espérance.

Dors en paix sur ce frêle appui.
Si le vent vient gémir sur ta tombe légère,
Le vent te dira que ta mère
Gémit sans cesse comme lui.
Aussi longtemps que les pleurs de l’aurore
Mouilleront ton front pâle, en arrosant les fleurs ;
Aussi longtemps, mon fils, ta mère qui t’adore
Te viendra baigner de ses pleurs.
Tout sur l’arbre de mort te peindra ma souffrance :
Si pourtant le ramier de ses accords touchants
Te fait entendre la cadence ;
Ne crois pas de ta mère entendre les doux chants,
Car la mère avec toi veut garder le silence.

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