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maison. Vers la fin de janvier, le père Braise qui avait repris son train ordinaire de vie, se rendit au bois, et bûcha toute la journée comme un jeune homme, malgré les avertissements répétés de France qui lui recommandait la modération. Lorsqu’ils eurent terminé leur tâche du jour, ils reprirent, assis sur leurs voyages de bûches, le chemin de la maison. C’était au moins deux heures de trajet, à travers « la pelée » presque sans horizon, où le vent de mordais chassant la poudrerie à ras-de-terre, les vrillait jusqu’aux os. Le père Braise se sentant engourdir par le froid, descendit aussitôt de voiture pour accélérer par la marche la circulation du sang. Mais les chevaux, toujours plus alertes au retour, marchaient trop vite pour ses vieilles jambes, et il dut remonter sur son voyage de bois. Tout inquiet, France enveloppa son maitre, du mieux qu’il put, dans son propre paletot, et, c’est tout grelottant et tout raidi, qu’il arriva à la maison. En les voyant ouvrir la porte, Mérance s’écria :

— Jour du pays ! quelque avarie, je gagerais ?

France rassura la bonne vieille en disant qu’une ponce à l’eau chaude et au sel le remettrait sur pied dans une heure. Tout au contraire, cela n’y fit rien. Après une nuit blanche que Céline et Mérance passèrent à entourer le malade de draps chauffés, France courut au médecin qui diagnostiqua une pulmonie aiguë et donna les soins en conséquence.

Après les premières journées où elle suivit son cours ordinaire, la maladie se compliqua d’une méningite. Le médecin crut devoir avertir Mérance, qu’à l’âge du père Braise, il était