— On connaît son monde, tout simplement. Comment trouvez-vous ces biscuits-là madame Lachance ?
— Ils fondent dans la bouche, quoi !
— C’pas ? Eh bien ! vous me croirez peut-être pas, mais M. le vicaire ne peut pas les sentir.
— Dans le monde…
— On ne sait pas ce qu’on souffre dans notre position madame Lachance ; on ne saura jamais ! C’est comme les oignons d’ailleurs ; il leur fait une petite grimace à lui tout seul. Mais, c’est égal vous savez, j’en ai deux mannes pleines à ras-bords dans le grenier ; tant pis…
— Ce pauvre M. le vicaire, lui qui est si bon pour nos jeunes gens, et si dévoué pour mon Cyprien.
— Je ne dis pas, mais… Au fait, Cyprien, il est marié tout de même, et avec un rôdeux de bon parti encore. Une fille pas jargaude en toute que Céline ; et la figure faite au pinceau avec ça. Je n’aime pas beaucoup ses frisettes, comme je disais hier à Melle Marcelline ; rien de pareil pour démoraliser un pays que des frisettes. Et puis elle a les moyens, la fille du père Braise.
— C’est certainement un parti extra pour mon garçon.
— Et votre Cyprien — soit dit sans vous flatter, madame Lachance — c’est un beau garçon, pas ordinaire. Après tout, cela fait un beau couple, rachevé. Il faut espérer qu’ils seront heureux.
À cet instant, M. le curé entr’ouvrit la porte et madame Lachance, après avoir remercié Cé-