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min de sa demeure, ses ennemis allèrent s’embusquer dans le tunnel de la rue Beaudry, et lorsque Cyprien se fut engagé sans défiance dans ce trou d’ombre, ils fondirent sur lui pour le dévaliser. Comme l’assailli se défendait trop bien malgré son ivresse, l’un des assaillants lui asséna un coup de couteau qui aurait été mortel si Cyprien ne l’eut paré de son bras. Ils se sauvèrent quand ils le virent tomber à la renverse en appelant au secours. Deux braves passants (la police était occupée à l’autre coin de rue naturellement) accoururent à ses cris et reconnaissant Cyprien, ils le conduisirent à sa maison qui n’était pas éloignée.

Le chirurgien arrivé examina la blessure. C’était une plaie large et profonde dans la partie charnue du bras. L’arme avait atteint une des principales artères qui laissait échapper des flots de sang. En faisant un pansement dans toutes les règles, le médecin ne cacha pas sa crainte qu’au réveil de la syncope où l’avait plongé la perte de son sang, le blessé eut une forte crise de réaction. Il fallait à tout prix le contraindre à l’immobilité et lui refuser toute boisson alcoolique.

En effet, selon les prévisions du médecin, Cyprien s’éveilla au petit jour et demanda à boire. Sa femme lui présenta le breuvage préparé spécialement pour lui. Mais à peine y eut-il trempé le bout de ses lèvres qu’il lança le liquide et le verre à la tête de sa femme. Puis sous les yeux de Céline qu’il maudissait, pris soudain d’un accès de rage, il arracha ses bandages en se re-