Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
LES CHOSES QUI S’EN VONT

« Le prélude final s’ouvre alors par ce merveilleux enlacement de notes liquides et sautillantes d’où surgissent, toutes pointées, et profondes comme le ton d’une prophétie, les derniers temps du récitatif. C’est l’écho de la réprimande fraternelle qui s’est, maintenant, tue. Enfin, une trille exultante et, entre deux soupirs largement prolongés qui laissent vibrer des tonalités de sanglots, des triolets que recouvrent les accords apaisés de la basse où palpite, comme des ailes dans la brise, un envol d’arpèges. La sonate est finie. »

Nino continue de jouer, à la manière, je dirais, des sources qui reflètent le ciel sans se lasser de murmurer. Et moi, en écoutant sa musique, vraie fête pour l’oreille, je contemple son tableau, vraie fête pour les yeux.

Cette toile, assez ancienne, est assurément due à l’un de ces maîtres exquis que nous nommons, je ne sais trop pourquoi, les primitifs, quoique leur art ait une perfection de technique, une science de composition, une chaleur de coloris et une plénitude de vie, que la Renais-