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LES CHOSES QUI S’EN VONT

à la Beurrerie, on achète de la graisse en chaudière pour faire les crêpes, et du thé qui remplacera le lait que l’on buvait avec. Puis, on marchande une carriole neuve pour remplacer le borlot.

« Autre temps, autres mœurs », dit-on, pour dire quelque chose. Au temps des crinolines — pour déterminer une époque fameuse de l’histoire — la femme du cultivateur était beaucoup plus fière de sa laiterie que de ses cerceaux encombrants, tout en se trouvant parfaitement à l’aise dans les deux. La laiterie avait pourtant toutes ses prédilections. C’était pour elle un lieu de délices, et pour toute la maisonnée, une mine de richesses, vrai trésor auquel on était heureux de recourir, aux heures de joie intime l’on devait exercer cette large et chaleureuse hospitalité qui a acquis au peuple canadien en général, et à la Canadienne en particulier, un renom qui ne manque pas de gloire.

Chez nous, nous savons nous conformer à la politesse conventionnelle des