Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LES CHOSES QUI S’EN VONT

veille avec nos grands-pères, pour savoir mettre gracieusement autour d’eux, comme dans leur vie, l’agréable tout à côté de l’utile.

Cependant, chez les « habitants » comme ailleurs, on n’a rien sans peine. Si la laiterie était une source de jouissances et de bien-être, elle demandait, en retour, des soins attentifs, diligents et continus.

Tous les matins que le bon Dieu amenait, au chant du coq, la femme d’habitant était sur le pont. Après avoir fait sa prière (et lorsqu’elle était le moindrement dévotieuse, ça n’en finissait pas), elle allumait le poêle, épluchait les patates qu’elle jetait dans la chasse-pinte avec une jointée de sel, et mettait le tout sur le rond du fourneau. Puis elle s’en allait à sa laiterie. Suivons-la.

En ouvrant la porte, La Grite jetait un regard circulaire pour s’assurer que tout y était en ordre. Sur le milieu des pans, de longues planches s’étageaient en rayons de bibliothèques. Au centre, sur la grande table, des piles de bols et la jarre-à-la-crème. Les rayons, la ta-