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LES CHOSES QUI S’EN VONT

mon doux ! Pauvre crible ! ils avaient beau le graisser, le huiler, le cointer, il criait toujours comme s’ils lui avaient fait mal. De-de-rin drin-drin… c’était la phrase musicale de celui de chez nous, toute en triples croches, avec des mesures croisées et pressantes comme celles du cake-walk, qui nous les a volées probablement.

Cela se dit tout seul, qu’entre Clumette et Ficque, qui promettait d’avoir une grosse tête pour la musique instrumentale, c’est à qui virerait la manivelle. Clumette récédait bien sa place, d’abord que Ficque voulait bien se contenter de cribler un sciau de grain, mais pas plus. Il faisait aussitôt ressortir les privilèges de son droit d’aînesse, et reprenait son poste à la manivelle. Ça menait un raveau effrayant, et c’était harmonieux à sa façon, comme un piano italien.

Puis tiens bien ! vire, Clumette : dede-rin drin-drin-… La balle toute folle et légerte allait revoler à deux ou trois brasses en avant, et étalait sur le plancher — sans jeu de mots — une