Page:Fréchette - Félix Poutré - 1871.djvu/26

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en bon canadien, ce qu'on appelle flambé. Si l'on découvre ma fraude, je ne serai pas pendu deux fois pour cela. Ainsi je risque. Il y a longtemps que j'y pense, et je crois qu'un bon moyen de sauver sa vie vaut la peine d'être essayé.

Béchard Je ne veux certes pas t'en empêcher, mais je n'ai pas confiance en ton idée. Tant mieux si tu y réussis, car tu sauves ta tête ; mais croire que tu seras si longtemps sans rire, jamais. Dans tous les cas, quand tu sentiras l'envie de rire s'emparer de toi, pense à la corde : cela pourra peut-être en effet te rendre sérieux.

Félix C'est cela ; eh bien, avant qu'il soit longtemps, je serai fou, et tout de bon, vous pouvez en être sûr. Ah ! par exemple, prenez garde, ne me trahissez pas. Il faut que vous ayez l'air de me croire bien fou au moins.

Béchard Ah ! pour cela, sois tranquille. Une fois la chose convenue, je t'aiderai de mon mieux, car franchement tu n'as pas d'autre moyen que celui-là.


Scène VI

Les Précédents, le Shérif, le Geôlier, deux soldats

Shérif Félix Poutré, à votre tour, suivez ces hommes à la salle des interrogatoires.

(Félix, les soldats et le Geôlier sortent.)


Scène VII

Les Précédents, excepté Félix, les soldats et le Geôlier

Shérif Prisonniers, j'ai quelque chose à vous dire. Vous venez de voir par le châtiment terrible qui vient de frapper deux de vos compagnons que le gouvernement de Sa Majesté est déterminé à sévir avec la dernière rigueur contre ceux qui ont pris part à la récente révolte. Néanmoins, en ma qualité de greffier de la cour martiale, je suis autorisé à vous informer que la loi est disposée à agir avec égard vis-à-vis de ceux qui feront des déclarations qui pourront nous mettre en état de découvrir les principaux moteurs de la rébellion.

Béchard Monsieur le Shérif, c'est une lâcheté que vous venez de commettre. Est-ce parce que nous sommes dans les fers que vous vous croyez le droit de nous insulter ? Si pour un misérable emploi, vous avez renoncé à votre beau titre de canadien-français, si pour quelques vils écus vous vous êtes fait le valet des bourreaux