Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/10

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Parfois, sous les taillis, ma prunelle trompée
Croyait voir de La Salle étinceler l’épée ;
Et parfois, groupe informe allant je ne sais où,
Devant une humble croix, — ô puissance magique ! —
De farouches guerriers à l’œil sombre et tragique
Passer en pliant le genou !

Et puis, berçant mon âme aux rêves des poëtes,
J’entrevoyais aussi de blanches silhouettes,
Doux fantômes flottant dans le vague des nuits,
Atala, Gabriel, Chactas, Évangeline,
Et l’ombre de René, debout sur la colline,
Pleurant ses immortels ennuis.

Et j’endormais ainsi mes souvenirs moroses…
Mais de ces visions poétiques et roses
Celle qui plus souvent venait frapper mon œil,
C’était, passant au loin dans un reflet de gloire,
Ce hardi pionnier dont notre jeune histoire
Redit le nom avec orgueil.