Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/123

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L’Iroquoise était là, comme ces noirs génies
Que l’on croit voir parfois dans les nuits d’insomnies ;
Ses cheveux hérissés se tordaient sous le vent ;
L’enfant, paralysé sous sa farouche étreinte,
Immobile semblait l’oiseau saisi de crainte
Que fascine l’œil du serpent.

Horrible cauchemar ! sa prunelle de louve
Fixe avec volupté sa victime, et la couve
D’un regard infernal ; puis le monstre en fureur,
L’élevant tout à coup au-dessus de sa tête,
Pousse un cri… mais en vain, la voix de la tempête
Est plus forte que sa clameur.

Ombres de ses sachems, manitous de la plage,
Esprits, éveillez-vous ! C’est vous que dans sa rage
Elle veut pour témoins de son acte sanglant !
Elle veut sous vos yeux finir son existence,
En vous offrant au moins pour dernière vengeance,
Le sang d’un jeune guerrier blanc !