Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/16

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Le pic au front altier lui cachant le sillon ;
Elle n’aperçoit point le timide oisillon
Qui bâtit son nid dans les seigles ;
Son fier regard, qui va de sommets en sommets,
Toujours tourné là-haut, ne s’arrête jamais
Qu’à regarder voler les aigles.

Empereurs, potentats, capitaines fameux,
Chefs d’un jour surnageant sur les flots écumeux
Des déchaînements populaires,
Éclatante victoire ou drame ensanglanté, —
Grands hommes ou hauts faits ont seuls droit de cité
Dans ses annales séculaires.

Quand Turenne, frappé d’un boulet de canon,
Rend l’âme au champ d’honneur, elle redit son nom,
Et va s’incliner sur sa tombe :
Elle donne des pleurs au général mourant ;
Mais passe sans regrets, d’un pas indifférent,
Devant l’humble conscrit qui tombe.