Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/25

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Pourtant, naguère encor, suivant la même étoile,
Nous n’avions qu’une nef, nous n’avions qu’une voile ;
Nos luths oom’rae nos cœurs vibraient à l’unisson.
Poètes de vingt ans, c’étaient luttes sans trêve :
C’était à qui de nous ferait le plus beau rêve,
C’était à qui ferait la plus belle chanson.

Nous rêvions, nous chantions, — c’était là notre vie.
Et, rivaux fraternels, sans fiel et sans envie,
Nous rendions à la Muse un hommage pareil.
Tu charmais les zéphyrs, je narguais la, bourrasque ;
Et noua voguions tous deux, toi songeur, moi fantasque,
L’âme ivre de parfums, de joie et de soleil.

Nos soirs étaient sereins, nos matins étaient roses,
Tout était calme et pur ; nuls nuages moroses
N’estompaient l’horizon, — ô présage moqueur !
J’aimais… et je croyais à l’amitié fidèle ;
Tout me parlait d’espoir, quand le sort d’un coup d’aile,
Brisa mes rêves d’or, ma boussole et mon cœur !