Page:Fréchette - Les Fleurs boréales.djvu/29

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Là, sur tes bords glacés où mugit l’aquilon,
Les chasseurs vont traquant l’ours du Septentrion
De leurs flèches et de leurs piques ;
Ici, dans les détours où dorment tes remous,
Les noirs alligators foulant tes sables mous,
Bâillent au soleil des tropiques.

Et puis, ô fleuve ! il semble, indécises rumeurs,
Que la voix du passé chante dans tes clameurs,
Quand ton flot se frange d’écume ;
Et qu’au fond des grands bois sur la rive penchés,
On entrevoit, la nuit, l’ombre des vieux Natchez
Errer vaguement dans la brume.

O Chactas ! Atala ! c’est vous qui revenez,
À l’abri des vieux troncs par l’orage, inclinés,
Voir passer les eaux murmurantes ;
Et toi, chantre immortel qui fis leurs noms si beaux,
Quittes-tu quelquefois la poudre des tombeaux,
Pour suivre leurs formes errantes ?