Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 112 —


Il va. Des lacs géants, rivaux des mère géantes,
Le menacent en vain de leurs vagues béantes ;
Au chant du Te Deum il lance le Griffon ;
Et, colosse vaincu, l’Ontario profond
Voit le premier haut-bord se cabrer sur son onde.
Il avance, il découvre, il colonise, il fonde.
Au loin, derrière lui, dans le bruit des rameurs,
Du Niagara grondant, s’éteignent les clameurs ;
Il avance toujours. Monotonie immense,
Où la plaine finit, la forêt recommence.
C’est partout l’inconnu, partout l’illimité,
Dans leur hideur farouche ou leur sublimité.

Enfin de Jolliet la trace encor récente
Le conduit sur la rive où, nappe incandescente,
Dans son lit sablonneux, le grand Mississipi
Déploie en serpentant son long cours assoupi.
Alors — universelle erreur géographique —
La Salle croit tenir son rêve : — Au Pacifique !
Dit-il ; ceci n’est pas un fleuve, c’est un pont
Que Dieu jette entre nous, la Chine et le Japon.
En avant donc ! et si nous gagnons la bataille,