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Nous aurons découpé le monde à notre taille ! —
Et le hardi coureur d’aventures partit,
Trouvant presque, à son gré, le monde trop petit.

Ô doigt divin ! bien loin des grands pays d’Asie
Qu’il cherchait — sous des cieux vibrants de poésie,
Que parfument l’orange et le magnolia,
Doux paradis perdu que la France oublia,
Dans un berceau de fleurs, de mousses, de lianes,
C’est vous qu’il découvrit, vierges Louisianes !
Et puis la mer ! la mer ! le beau golfe du Sud !
Écroulement fécond d’un grand rêve déçu.

Poètes, haut les cœurs !… Les Muses ont des rides :
Changez vos luths ! Le vrai jardin des Hespérides
Vous tend ses rameaux verts par le temps rajeunis,
Tout chargés de fruits d’or, de parfums et de nids,
Apollon s’exilait ; — ces féeriques asiles,
Ces bois harmonieux et ces flottantes îles,
Bosquets bercés au flot du grand Meschacébé,
C’est un temple plus neuf offert au dieu tombé.