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Et, sur ses derniers jours, dans ses décrépitudes,
Comme une harpe où tremble un vieux lambeaux d’accord,
On croyait voir, au vent des vieilles solitudes,
Ses rameaux frissonner encor.

Et, lorsque le géant quatre fois centenaire
Courba sa tête où tant de soleils avaient lui,
Ce fut triste ; on comprit que c’était toute une ère
Qui disparaissait avec lui.

Ô frêne ! ô grand témoin des choses envolées !
On a sacré, depuis, le sol où tu tombas ;
Et sur ta place vide, en bruyantes mêlées,
Des enfants prennent leurs ébats.

Oui, des enfants, des jeux, des rires, des fronts roses,
À l’endroit même d’où, colosse aux flancs rugueux,
Tu vis se dérouler en tes ennuis moroses
La rude histoire des aïeux !