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Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/137

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Le jour tombe ; au Couchant, le soleil qui rougeoie
Saigne sur l’horizon, comme ces feux de joie
Qui, le soir, en Bretagne, à la Saint-Jean d’été,
S’éteignent en jetant leur mourante clarté
Sur les coteaux lointains que leur pourpre ensanglante ;
Puis, bientôt, par degrés, la nuit sombre et troublante,
La nuit des grands déserts, ténébreux conquérant,
Envahit la forêt les monts et le torrent.

Quelqu’un veille pourtant sur ces bords solitaires.
Holocaustes joyeux et martyrs volontaires,
Plutôt que de la voir saccager et piller,
Seize colons s’étaient offerts sans sourciller
Pour couvrir de leurs corps la patrie en détresse ;
Et, bien armés, joignant la bravoure à l’adresse,
Avant que l’ennemi pût les envelopper,
Ils étaient venus là s’embusquer pour frapper.

Dans cet affreux péril, la colonie en transe
N’avait plus qu’une seule et suprême espérance :