Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 134 —

Gagner du temps. Et dans un vieux fort, où jadis
Des Algonquins avaient combattu les bandits,
Au-dessous de la chute, au pied d’un long portage,
Sur un point qui domine avec quelque avantage
Un défilé par où, dans sa soif d’égorger,
L’Iroquois ne pouvait manquer de s’engager,
Daulac et les vaillants compagnons qu’il commande,
Héros de sang breton ou de race normande,
Avec quelques Hurons recrutés en chemin,
Guettent l’envahisseur le mousquet à la main !

Pas un ne reviendra ; tous le savent ; n’importe !
Ils sont là du pays pour défendre la porte ;
Ils ont fait le serment d’en garder les abords :
Il faudra pour entrer leur passer sur le corps !
Et, tandis qu’autour d’eux l’ombre épaissit ses voiles,
Leur prière du soir monte vers les étoiles.

Tout à coup, du rapide au loin couvrant le bruit,
Un hurlement sauvage éclate dans la nuit.
Peuple entre tous habile au jeu des embuscades,
Les Iroquois, rôdant en deçà des cascades,