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au nom de la France. C’est la France encore que les Canadiens évoquent dans la vieille chanson saintongeoise, Claire fontaine, qui est leur air national :

Au bord d’une fontaine,
Je me suis reposé !…

Lorsqu’ils parlent de notre patrie à un étranger qui débarque, ils disent : « Vous venez de chez nous ? » Le temps passé, le temps de la France, c’est pour eux le temps du temps de nos gens. Dans leurs cérémonies publiques on voit flotter par les airs cent drapeaux tricolores pour un étendard anglais, et quand, en 1870, sonna l’heure de la défaite, chaque malheur de la patrie était marqué, là-bas, par un plus grand nombre de volontaires qui demandaient à s’embarquer pour venir défendre la France, notre France et leur France.

Car elle continue, la Légende d’un peuple que nous chante Louis Fréchette. Elle a trouvé au Canada son poète inspiré, elle trouvera ici son historien. Toute une littérature française germe et grandit par delà les mers, et je suis des yeux plus d’un ami qui nous envoie, en bon français, des maîtres livres.

La Légende d’un Peuple est un de ces livres-là.

Ce noble volume n’est pas un banal recueil de vers qui se fane en une saison ; ce livre est de ceux qui ajoutent une ligne, un chapitre à une histoire littéraire.

M. Louis Fréchette ne me pardonnerait pas de le comparer à Victor Hugo ; mais sa dédicace pourtant, à la mère patrie, m’a fait songer à l’envoi du poète exilé :

Livre, qu’un vent t’emporte
En France où je suis né…