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Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/195

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Lévis s’avance alors. Dans son œil énergique,
Où le feu du brasier met un reflet tragique,
Malgré son calme on sent trembler un pleur brûlant.
Vers les drapeaux en deuil l’homme marche à pas lent,
Et, tandis que la main de l’Histoire burine,
Lui, les deux bras croisés sur sa vaste poitrine,
Contemplant ces lambeaux où tant de gloire a lui,
Longtemps et fixement regarde devant lui.

Dans le fond de son cœur il évoque sans doute
Tous les morts généreux oubliés sur la route,
Où, tout illuminés de reflets éclatants,
Ces guidons glorieux marchaient depuis cent ans.
Enfin, comme s’il eût entendu leur réponse,
Pendant que son genou dans le gazon s’enfonce,
Refoulant ses sanglots, dévorant son affront,
Sur les fleurs de lis d’or il incline son front,
Et, dans l’émotion d’une étreinte dernière,
De longs baisers d’adieu couvre chaque bannière...