Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/316

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Luire un peu tous les jours au fond de son cachot ?
Pour qu’un cœur souffre bien, il faut le tenir chaud ;
Il faut multiplier les plaisirs que l’on goûte ;
Une belle agonie est superbe sans doute,
Mais trois ou quatre, c’est un spectacle de rois...

Lâches buveurs de sang ! pieds plats et fronts étroits !
Quand vous assouvissiez cette noble vengeance,
Là-bas, près d’un foyer éteint par l’indigence,
Que n’avez-vous aussi vu cette mère en pleurs,
Écrasée à genoux sous le poids des douleurs !
Cette épouse mourante, et, dans cette humble bière,
Cet innocent d’un jour, mûr pour le cimetière !
Quelle scène pour vous, magnanimes vainqueurs !
Mais vous n’avez pas vu tout ce deuil, ô grands cœurs !
Vous n’avez pu goûter le poignant de ce drame ;
Et la potence seule a réjoui votre âme...
Quel dommage !...
                           Ce fut un beau jour ; le soleil
Au loin s’était levé radieux et vermeil ;