Vieux loups de mer bronzés au vent de Saint-Malo.
Bercés depuis l’enfance entre le ciel et l’eau,
Hommes de fer, altiers de cœur et de stature,
Ils ont, sous l’œil de Dieu, fait voile à l’aventure,
Cherchant, dans les secrets de l’Océan brumeux,
Non pas les bords dorés d’eldorados fameux,
Mais un sol où planter, dans leur sainte vaillance,
À côté de la croix le drapeau de la France.
Sur leurs traces, bientôt de robustes colons,
Poitevins à l’œil noir, Normands aux cheveux blonds,
Austères travailleurs de la noble corvée,
Viennent offrir leurs bras à l’œuvre inachevée…
Le mot d’ordre est le même, et ces nouveaux venus
Affrontent à leur tour les dangers inconnus
Avec des dévoûments qui tiennent du prodige.
Ils ne comptent jamais les obstacles ; que dis-je ?
Ils semblent en chercher qu’ils ne rencontrent pas.
En vain d’affreux périls naissent-ils sous leurs pas,
Vainement autour d’eux chaque élément conspire :
Ces enfants du sillon vont fonder un empire !
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