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Page:Fréchette - Poésies choisies, I, 1908.djvu/34

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Et puis, domptant les flots des grands lacs orageux,
Franchissant la savane et ses marais fangeux,
Pénétrant jusqu’au fond des forêts centenaires,
Voici nos découvreurs et nos missionnaires !
Apôtres de la France et pionniers de Dieu,
Après avoir aux bruits du monde dit adieu,
Jusqu’aux confins perdus de l’Occident immense,
Ils vont de l’avenir prodiguer la semence,
Et porter, messagers des éternels décrets,
Au bout de l’univers le flambeau du progrès !

Appuyé sur son arc, en son flegme farouche,
L’enfant de la forêt, l’amertume à la bouche,
Un éclair fauve au fond de ses regards perçants,
En voyant défiler ces étranges passants
— Embusqué dans les bois ou campé sur les grèves —
Songe aux esprits géants qu’il a vus dans ses rêves.
Pour la première fois il tressaille, il a peur…
Il va sortir pourtant de ce calme trompeur ;
Il bondira, poussant au loin son cri de guerre,
Défendra pied à pied son sol vierge naguère,