Page:Frédéric II de Prusse - Correspondance avec Voltaire, tome 2.djvu/4

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& fils, & à tous ces petits princes qui avaient beſoin de crimes pour s'élever, à étudier cette politique infernale ; il eſt d'un prince tel que vous de la déteſter. Cet art, qu'on doit mettre à côté de celui des Locuſte & des Brinvilliers, a pu donner à quelques tyrans une puiſſance paſſagère, comme le poiſon peut procurer un héritage : mais il n'a jamais fait ni de grands hommes, ni des hommes heureux : cela eſt bien certain. A quoi peut-on donc parvenir par cette politique affreuſe ? au malheur des autres & au ſien même. Voilà les vérités qui font le catéchiſme de votre belle ame. Je ſuis ſi pénétré de ces ſentimens, qui font vos idées innées, ² dont le bonheur des hommes doit être le fruit, que j'oubliais preſque de rendre grâce à V. A. R. de la bonté qu'elle a de s'intéreſſer à mes maux particuliers. Mais ne faut-il pas que l'amour du bien public marche le premier ? Vous joignez donc, Monſeigneur, à tant de bienfaits, celui de daigner conſulter pour moi des médecins. Je ne ſais qu'une ſeule choſe, auſſi ſinfulière que cette bonté, c'eſt que les médecins vous ont dit vrai. Il y a long-temps que je ſuis perſuadé que ma maladie, s'il eſt permis de comparer le mal avec le bien, eſt, tout comme mon attachement à votre perſonne, une affaire pour la vie. Les conſolations que je goûte dans ma délicieuſe retraite & dans l'honneur de vos lettres,