Page:Frémine - Statue de Napoléon Ier à Cherbourg, 1859.djvu/13

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Le pas des citoyens au tambour de Valmy,
Les pleurs, les dévouements pour la cause commune,
Mirabeau de sa voix remplissant la tribune,
Le chant des Girondins qui marchent à la mort,
La guerre chevauchant du Midi jusqu’au Nord,
Le peuple rejetant par delà ses frontières
Les rois, leurs armements, leurs soldats, leurs bannières.

À ce bruit, aussitôt, de l’inspiration
Tu sens sur tout ton corps circuler le frisson ;
Le rayon t’illumine et, d’une main ardente,
Tu sculptes les lutteurs de la lice sanglante,
Penseurs, représentants, généraux, orateurs.[1]
Le grand drame renaît avec tous ses acteurs :
Les femmes, échappant aux travaux domestiques,
Prêchent la liberté sur les places publiques,
Un soldat de Dessaix, de Hoche et de Marceau
Sort du sillon lointain, son verdoyant tombeau,
Un groupe, scène chère à toute ame française,
Vient, couplet par couplet, chanter la Marseillaise.
Jusqu’à ce que, songeant à son Dieu, le hasard,
Vainqueur de l’Italie et du grand Saint-Bernard,
Entouré de canons, de drapeaux, de trophées
Où les vents du Tessin murmurent par bouffées,
Napoléon rêveur, jeune homme et déjà grand
Apparaisse à son tour sur le drame changeant.

Ce jeune homme affaissé sous sa pensée immense,
Sous le poids accablant des destins de la France,
Ballotté tous les jours au milieu des partis
Par des hommes puissants qu’il va faire petits,
Par les jalouses peurs du triste Directoire,
Saura tout rallier au flambeau de sa gloire.
Il quittera Paris, l’Europe, confiant ;
Sa tête brillera d’un reflet d’Orient.
Le Mameluk ardent et l’Arabe nomade

  1. Les douze vers suivants rappellent des œuvres de Levéel. Le Musée de Cherbourg en possède quelques-unes : un homme du peuple, un soldat chantant, un tambour et un fifre des quatorze armées, etc.