Page:Frémine - Statue de Napoléon Ier à Cherbourg, 1859.djvu/14

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Verront dans leurs déserts revenir la croisade,
Sur leurs sables mouvants rouler le lourd canon,
Et le chef les dompter sous l’ombre de Memnon.
Et, quand il reviendra vers la France alarmée,
Il ira rassembler quelques lambeaux d’armée
Sans espoir et fuyant le fer autrichien.
Seul il rendra son vol au drapeau citoyen,
Ses clairons sur l’Adda retentiront encore,
Bientôt de Marengo l’éblouissante aurore
Inondera la France et l’Europe à genoux ;
Et, soupirant ensemble après des temps plus doux,
Lassés de liberté, de luttes, de tourmentes,
Voulant sur le chemin plier un jour leurs tentes,
Les peuples dresseront un pavois au vainqueur
Et feront du Consul le puissant Empereur.

L’artiste doit aussi conquérir sa couronne.
Autant que le génie un dur labeur la donne,
Il faut briser du pied, sans haine, sans courroux,
Bien des liens tendus par la main des jaloux.
Mais, à présent, Levéel, le chemin t’est facile ;
Avance ; et si, parfois, une plainte débile
S’élève des fossés et monte jusqu’à toi,
C’est le dernier écho de tes instants d’émoi.
Sans plus prendre aux débris du Forum et d’Athènes
Consacre d’autres temps, d’autres noms, d’autres scènes ;
Continue, ô sculpteur, va par tous les chemins,
Ta marche est triomphante et nous battons des mains !