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Pierre-Mathurin Coquet, de Carquefou (Loire-Atlantique), décédé en 1951 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, a laissé quatre fils et leurs descendants bien établis sur des fermes prospères, notées pour leurs magnifiques rendements.

Joseph Thomas, originaire de Plabennec (Finistère), est allé finir ses jours en Bretagne. Son unique héritier mâle, aidé de ses quatre fils, exploite un groupe de fermes qui rapporte des bénéfices très appréciables à ces vaillants travailleurs.

Pierre Kernaléguen, de Ploaré (Finistère), a aussi communiqué à son fils unique, Paul, le goût des sciences agricoles. Tous deux sont les heureux possesseurs de la ferme Kernal, distributrice de porcs de pure race Yorkshire à travers la province et jusqu’aux États-Unis. On peut y voir les résultats frappants d’études sérieuses appliquées à l’exploitation de l’élevage.

Denis Creurer, de Bourbiac (Côtes-du-Nord), devenu veuf avec plusieurs enfants en bas âge, a réussi à leur inculquer l’amour du travail bien fait et l’importance d’une sage administration. Ceux-ci, quoique éparpillés, sont à l’aise et deux d’entre eux ont établi dans le village un commerce très prospère. Joseph Creurer, frère de Denis, est malheureusement décédé, avec sa femme, à un âge relativement jeune. Tous deux ont laissé un excellent souvenir d’esprit de charité et d’abnégation. Leurs descendants continuent dans la même voie et font fructifier les belles terres que les parents leur ont léguées.

Étienne Pérault, arrivé en 1910 de Bussière-Poitevine (Haute-Vienne), coule aujourd’hui des jours paisibles au village, après avoir accumulé plus de 700 hectares de propriétés que gère maintenant son fils, tout en s’occupant aussi de la vente de machines agricoles et d’entreprise théâtrale.

En somme, on peut dire qu’à part de rares exceptions, tous les colons venus à Saint-Brieux aux débuts du siècle ont acquis une large aisance en se livrant à la culture mixte, à laquelle la région est spécialement adaptée. Leurs enfants demeurés agriculteurs ont essaimé dans les environs. Les Bretons ont donc accompli, dans ce coin de la Saskatchewan, la mission qui leur avait été confiée il y a plus de cinquante ans. Ceux de leurs descendants qui n’ont pas trouvé place sur la ferme sont partis un peu au hasard à travers le Canada. On en trouve dans l’Ontario, au Manitoba, en Alberta, en Colombie-Britannique. Mais n’est-ce pas le destin de toutes les communautés vigoureuses qui progressent normalement ?[1]

  1. Les Réminiscences d’un pionnier, de Denis Bergot, publiées à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de Saint-Brieux, m’ont fourni le gros de la documentation pour ce chapitre. L’Album du Cinquantenaire m’a aussi été très utile.

    Mon ami, Louis Demay, a été mon guide sûr et a dressé la liste des membres de la colonie bretonne que l’on trouvera en appendice.