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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/14

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L’ANNÉE LITTÉRAIRE.

qui eft dans toutes les bouches ? L’auteur dit que Catinat ne s’occupe que de la Patrie, n’agit que pour elle, & n’en parlę pas. Et n’en parle pas ! Quelle chûte oratoire ! On dit très-bien prétendre à la gloire ; mais la gloire qu’on prétend n’eſt pas François. Catinat ſemble éteindre ſa gloire. Que veut dire M. de la Harpe par cette expreſſion ridiculement métaphorique ? Catinat n’allumoit ni n’éteignoit ſa gloire. Elle ſembloit ſeulement lui être indifférente : pour que l’on pût dire qu’il éteignoit ſa gloire, il eût fallu que, lorſqu’on vantoit ſes actions, ils eût pris plaiſir à les nier ou à les rabaiſſer : & c’eſt une fauſſe modeſtie qu’il n’a jamais eue. Qu’est-ce encore qu’une Philoſophie, qui eſt un caractère ? Qu’eſt-ce qu’un caractère qui marque toutes les actions tous les momens d’une vie ? Quoiqu’il en ſoit, M. de la Harpe veut bien accorder de la Philoſophie à Catinat ; mais il aſſûre qu’elle étoit étrangère à ſon ſiècle. M. de la Harpe me permettra de penſer que Deſcartes, Gaſſendi, Vauban, Fénelon, Molière, la Fontaine, &c, pouvoient mériter le nom