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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/543

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quittois mon poſte pour voler à ſon ſecours. A mon aſpecft, le Comte devina tout… Il recula… Ses yeux ſe troublèrent, ſa main chercha inutilement l’appui d’un arbre… Il tomba ſans que nous puſſions être à temps de prévenir ſa chûte. Nous courûmes… Mademoiſelle des Salles s’empreſſa de le rappeller à lui. Quant à moi, je ne faiſois qu’ajouter à l’embarras. Preſqu’auſſi défaillante que mon mari, j’étois à terre, & baiſois une de ſes mains, avec les démonſtrations d’une douleur immodérée. Ma fille crioit, m’appelloit, me tiroit part ma robe, pour m’éloigner d’un ſpectacle qui lui faiſoit peur. Le Comte fut frappé de ce tableau en reprenant ſes ſens, & n’en put ſoutenir l’impreſſion. Alors je me jettai à ſon cou, & mêlai mes pleurs à la ſueur froide dont ſon viſage étoit inondé. Rozane ! m’écriai-je, mon cher Rozane, daigne regarder une femme qui t’adore, & qui veut te dédommager tous les jours de ſa vie, des cha-