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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/544

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grins qu’elle a pu te cauſer. Mademoiſelle des Salles l’exhortoit à faire un effort. Rendez-vous, diſoit-elle, aux vœux de ceux qui vous aiment… Votre cœur ne doit plus s’ouvrir qu’à la joie, aux ſentimens délicieux de l’amour & de la nature. Il fut long-temps ſans paroître entendre ce qu’on lui adreſſoit. Enfin, je ſentis un mouvement foible, mais marqué, par lequel il ſembloit vouloir me repouſſer. Ses regards languiſſans ſe promenèrent autour de lui… il les arrêta ſur l’enfant, qui l’examinoit d’un air d’étonnement & de curioſité. C’eſt donc là ma fille, demanda-t-il à Mademoiſelle des Salles ? Oui, répondis-je, en la lui préſentant ; c’eſt ta fille, c’eſt la mienne, qui vient redemander pour ſa mère, la place qu’elle occupoit dans ton cœur… La petite ouvrit les bras pour lui faire de douces careſſes, conformément à nos inſtructions : il la prit dans les ſiens, la preſſa contre ſa poitrine… Ciel ! s’écria-t-il, à quelles épreuves vou-