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Page:Fréron - L Année littéraire 1775.djvu/552

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Adieu ! chère Célide… vous que j’adore… pour jamais… Adieu… ô Ciel ! je meurs. » On porte cette lettre à Célide ; le Comte de Bricourt ſon père veut calmer en vain l’excès de ſa douleur, elle y ſuccombe, & donne des marques d’un ſi violent déſeſpoir qu’on tremble auſſi pour ſes jours. L’image de ſon Amant qu’elle croit au tombeau, ſe préſente ſans ceſſe à ſon eſprit agité. Une de ſes amies qu’on nomme Mlle de Blémigny eſt au chevet de ſon lit qui l’exhorte à prendre quelque repos. « Chère amie, diſoit Célide, il n’en eſt plus pour moi ! Je me croyois plus de ermeté, mais je ne puis réſiſter au coup qui m’a frappée ; j’aurois ſupporté la perte du Marquis, ſi je n’avois pas à me reprocher d’y avoir contribué, quoique ce ſoit involontairement ; toutes les fois que cette idée s’empare de mon eſprit, je ne peux contenir mon déſeſpoir. La fin de ma vie, qui approche, peut ſeule en ralentir le cours : mais, que dis-je ? de tous côtés, quels