Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/111

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Quelques-uns, pauvres diables sans domicile qui coucheront sur les quais, la nuit, sont trop heureux de trouver pour quelques heures un asile contre l’intempérie des saisons ; ils viennent là, principalement pour se chauffer ou pour fuir la pluie. Vagabonds auxquels est réservée fatalement une place beaucoup plus marquante dans une salle d’audience, quand, par hasard, ils ne l’ont pas occupée déjà. Jeunes gens qui viennent faire, pour ainsi dire, l’apprentissage des choses de la justice et qui sauront remplir, lorsque l’heure sera venue pour eux, le triste rôle qu’ils s’habituent peu à peu à savoir jouer. Au milieu de la réunion, des figures dont l’expression est rendue bizarre par la barbe et les moustaches sacrifiées, tombées sous le rasoir du barbier de Bonne-Nouvelle et qu’on laisse repousser depuis la mise en liberté.

Ceux-là viennent se consoler de leurs malheurs passés par la vue des malheurs presens des autres et font des comparaisons sur la contenance qu’ils ont eue devant les juges et celle des nouveaux venus.

On peut dire de cette triste catégorie, qu’elle forme le roulement perpétuel de la police correctionnelle. Il y a toujours un de ses membres qui est par-mi les assistans, un autree sur le banc des accusés, un troisième