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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/110

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Tout le théâtre est là, depuis l’Ambigu jusqu’au Palais-Royal ; il manque, il est vrai, l’opéra, mais le public « du fond de la salle » au Palais-de-Justice, n’apprécie généralement pas la musique et ne s’est jamais recruté parmi les abonnés du Théâtre-des-Arts.

C’est un coup d’œil bien singulier que celui offert les jours d’audience de correctionnelle aux personnes qui traversent la cour de notre vieux palais.

Bien avant l’heure indiquée et l’ouverture des portes, les « fidèles » sont là. Leurs catégories sont innombrables. Les « patiens » s’asseyent tranquillement sur les marches du grand escalier. Ouvriers sans travail, journaliers des quais, « soleils, » jeunes gens et vieillards, visages imberbes et longues barbes, beaucoup portant, hiver comme été, des vêtemens de toile ; pantalons déchirés, souliers troués laissant voir les pieds sans chaussettes, ils attendent le « spectacle » comme ils font la queue devant le théâtre, les soirs de représentation populaire.

Ceux-là forment la masse, ils se connaissent, ils se retrouvent, ils causent de choses insignifiantes, pour faire passer le temps.