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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/113

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geois ; généralement, un modeste rentier retiré des affaires. Il a vendu de la bonneterie ou du drap pendant vingt-cinq ans. Maintenant, il ne fait plus rien ; il se lève de grand matin, par habitude, lit son journal, se délecte des petits faits divers, qui fourniront à la police correctionnelle son « gibier de prison, » déjeune à dix heures, traverse la rue Thouret ou la rue Saint-Lô, et se rend de là au Palais-de-Justice.

Le premier jour où il s’est aventuré dans le public du « fond de la salle » il a été d’abord décontenancé ; il ne s’est pas amusé, mais il est revenu cependant à l’audience suivante.

Petit à petit, il s’est intéressé aux débats ; il s’est trouvé au premier rang ; il a parlé un peu au sergent de ville de service ; il a appris que, pour prêter serment comme témoin, il fallait lever la main droite en disant ces seuls mots : « Je le jure ! »

À sa troisième visite, il a causé avec l’huissier, il a retrouvé des visages de magistrats qu’il connaissait ; dans le public, on l’a laissé passer comme un « habitué. » Il sait par cœur les questions préliminaires posées aux accusés et aux témoins.

À partir de ce moment tout l’intéresse. C’est fini de sa liberté, il a pris pied à la correctionnelle ! Il appelle l’huissier « son