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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/130

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à grosses émotions ; on les retrouve la, dans la même position, le front généralement dans la main et le coude sur la table.

De temps en temps un susurrement ; une confidence de lettrés, une trouvaille de « fouilleurs, » un bruissement de feuilles… de papier ; un trottinement de rats… de bibliothèque !

Toujours le même spectacle, toujours les mêmes gens ; toujours les mêmes volumes en main. Les habitués de la bibliothèque ne meurent probablement pas, ou, s’ils viennent a disparaitre, ils sont aussitôt remplacés par quelqu’un fait a leur image.

Pendant qu’en été le jardin est plein de cris d’enfans et de gazouillemens d’oiseaux, ils sont là, froids, muets, impassibles ; pendant qu’en hiver le vent souffle dans les bras décharnés des grands arbres, et que la neige, en se détachant des toits, tombe sur le sol avec le bruit d’une masse flasque qui s’abat, ils sont encore là, aussi calmes, aussi insensibles.

Voilà le coup d’œil général sur la bibliothèque, mais dans ce tableau il y a des personnages qui se détachent plus vigoureusement que d’autres ; dans cette réunion, il y a des types curieux.