Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est d’abord l’amateur à outrance de la littérature ancienne, qui savoure Homère, Virgile ou Horace en traduction. C’est étonnant le succès qu’obtient, dans les bibliothèques, l’abbé Delille, d’antique mémoire.

C’est aussi le lecteur des publications périodiques. Celui-là se confine dans la Revue des Deux-Mondes. Il est classique à tous crins ; il pleure avec Laharpe, gémit avec André Chénier et conserverait dans un médaillon en or, si ses moyens le lui permettaient, un cheveu de Népomucène Lemercier.

Il s’écroulerait avec la bibliothèque plutôt que d’abandonner son poste. Voici une anecdocte qui prouve que nous n’exagérons pas :

Un jour, un feu de cheminée se déclare à l’Hôtel-de-Ville où se trouvait alors la bibliothèque. L’alarme est générale ; la bibliothèque est menacée ; les pompiers accourent. Les salles de lecture sont abandonnées rapidement ; les employés se retirent ; la fumée envahit les pièces ; l’eau coule sur les parquets.

Au bout d’une heure, le danger est conjuré, et lorsque l’un des bibliothécaires revient à son poste, il aperçoit au milieu d’un nuage de fumée le lecteur fidèle, qui ne s’était aperçu