Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/143

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Dans la seconde cour, le tableau change ; c’est la réunion des épileptiques, des monstruosités de la nature. On voit des visages horribles, des hydrocéphales dont les têtes énormes se balancent sur des corps frêles, malingres, tordus par les crises nerveuses ; ici, un front de taureau, un crâne démesuré se terminant par un menton fuyant ; là, la mâchoire puissante d’une bête féroce, des oreilles courtes, pointues ; le nez, le menton, le front n’existent presque pas.

Quelques idiots s’approchent de nous ; ils nous tendent la main en ouvrant une bouche démesurément grande ; d’autres s’enfuient avec des contorsions de singes ; ils serrent dans leurs bras des troncs d’arbres comme s’ils y voulaient grimper.

Droits, rigides, sous la camisole de force qui emprisonne leurs mouvemens, les épileptiques s’appuient aux murs. Ils semblent ne rien voir, ne rien entendre ; une écume blanchâtre s’échappe sans cesse de leurs lèvres ; c’est répugnant.

La triste excursion continue. Nous gravissons un étage ; des deux côtés d’un couloir immense, des chambres, des salons, des ca-