Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/144

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binets. Le tout d’une propreté irréprochable, d’un aménagement qui ne laisse rien à désirer. Nous pénétrons dans un des grands salons. Une vingtaine d’hommes sont groupés devant une cheminée ; d’autres lisent ou écrivent, appuyés sur une table ; quelques-uns jouent à la toupie hollandaise. L’extérieur de tous ces gens n’a d’abord rien qui frappe ; ils sont bien habillés, presque corrects dans leur tenue.

Il y a des vieillards, des jeunes gens, des hommes dans la force de l’âge et dont la santé paraît excellente. On espère que quelques-uns auront conservé encore quelque lucidité d’esprit ; hélas ! on ne tarde pas à être rapidement désillusionné. Un homme d’une soixantaine d’années, dont le visage est orné d’une longue barbe blanche, s’approche de nous.

« Monsieur, dit-il, vous êtes, sans doute, le procureur de la république, je le vois à votre chapeau, je vous en supplie, faites arrêter et guillotiner ma fille qui vient d’empoisonner ma soupe. » Et il nous suit en pleurant à chaudes larmes.

Plus loin, un individu écrit à l’encre rouge sur un grand carnet. Il s’arrête de temps en temps, se frappe le front, semble méditer. C’est un poëte ! Depuis cinq ou six ans, il fait