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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/151

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de 1,200 folles dont chacune est obsédée d’une idée fixe qui la fait crier, gémir ou rire aux larmes, qui semble l’anéantir dans l’extase ou l’exciter au désordre. Pour soigner cette maladie incurable, pour réprimer cette effervescence insensée, la direction de l’asile a recours aux soins de 125 sœurs de charité. Les fonctions de gardes-malades sont beaucoup plus pénibles qu’à Quatre-Mares. La charité chrétienne seule peut inspirer autant de dévoûment, d’abnégation, de patience.

Dans leur besogne quotidienne, dangereuse parfois, répugnante toujours, ces petites sœurs sont admirables. Elles sillonnent les couloirs qui s’étendent à perte de vue, prodiguant leur aide, mettant leur intelligence au service de celles qui n’en ont plus, travaillant sans relâche ; pensant, dans un milieu où la pensée est morte, soignant des infirmités hideuses, finissant par se créer, par l’habitude, des affections sérieuses dans ce monde d’aliénées. Pas une parole dure, pas un instant de mauvaise humeur, pas l’ombre d’une résistance devant le pieux devoir à accomplir.

Saint-Yon est mieux construit que Quatre-Mares. Il date d’une époque très-récente, les