Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/154

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bre à coucher, c’est un jardin avec un jet d’eau. Le jet d’eau a la propriété d’émotionner les pensionnaires qui s’imaginent, en le voyant, qu’on va leur appliquer une douche. Remarque assez bizarre : on joue les pièces de Labiche, le plus spirituel vaudevilliste, devant cet auditoire dénué de raison. Et cependant il y a des mots drôles qui soulèvent des éclats de rire ; on applaudit souvent au bon moment. Les Deux Sourds obtiennent également un fort succès ; les intrigues enfantines de Berquin se partagent aussi les faveurs de ces spectateurs tombés en enfance.

Rien de plus curieux qu’une représentation à Saint-Yon. Les malades en parlent quinze jours avant et un mois après. L’animation règne plus vive dans l’établissement. Les pensionnaires chargées des rôles subalternes préparent leurs costumes dont l’excentricité est généralement remarquable ; elles étudient leurs rôles.

On ne peut s’imaginer quelle patience, quels moyens mnémotechniques curieux on doit employer pour mettre dans la tête de ces « actrices » folles, quelques phrases insignifiantes qu’elles débitent sur la scène avec des intonations de jeunes pensionnaires. Elles se rattrapent cependant par leurs gestes, par leurs sauts, par les bonds capri-