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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/158

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gination : la femme a l’air de souffrir plus que l’homme, et la folie qui illumine ses yeux, qui fait courir ses cheveux défaits sur son visage amaigri par l’hallucination perpétuelle, parait plus sombre, plus caractérisée, en un mot, par le jeu de la physionomie, par l’expression des mouvemens. On constate cependant plus de guérisons à Saint-Yon ; en un an, en moyenne, il meurt cent malades, il en entre deux cents, cent sont remises en liberté.

Le classement des aliénées en diverses catégories semble parfait. Les chambres de surveillance renferment toujours un certain nombre de sujets dont la folie n’est guère bien manifeste, et qui sont quelquefois envoyées par des familles pour lesquelles l’asile est un refuge de vieillards. Au bout d’une quinzaine de jours, les pauvres vieilles maniaques dont la monomanie n’a rien de dangereux sont remises entre les mains de leurs enfans et retournent à leur domicile.

Les salles de l’asile se suivent selon le degré de folie des femmes qui y sont internées. En les parcourant, on entend, pour ainsi dire, un concert de voix bizarres, dont le bruit va toujours crescendo à mesure qu’on s’enfonce dans les couloirs des bâtimens, à mesure qu’on passe d’un préau dans un autre.