Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/163

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tes, les malheureuses crient, crient sans cesse ou s’assoupissent tout d’un coup et reviennent en se réveillant à un calme qui, malheureusement, ne dure pas longtemps.

On voit parfois des crises de fureur prodigieuses. C’est ainsi que récemment une jeune fille de dix-huit ans, enfermée dans un cabanon « matelassé, » a réussi à grimper on ne sait comment jusqu’à la hauteur de trois mètres environ, a atteint l’ouverture d’une fenêtre mettant un peu de jour dans sa cellule, et a enlevé sans qu’on put expliquer de quelle façon une énorme barre de fer fixée dans l’intérieur d’une persienne fermée. Terrible, elle ébranlait les cloisons sous les coups de son arme et déclarait qu’elle tuerait le premier qui s’approcherait d’elle. La crise dura plusieurs heures.

Pendant que nous traversons la salle au milieu des imprécations, une jeune fille s’approche : « N’est-ce pas que je suis belle ainsi ? » Elle tient un petit miroir de deux sous, une de ces petites glaces enchâssées dans un couvercle de boite en fer-blanc ; cet objet ne la quitte jamais. Son accoutrement est étrange, et il est impossible de le lui faire changer. Pas méchante, du reste, elle rit continuellement d’un rire navrant.

Elle traine de vieilles pantoufles, son corps