Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/188

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poser sur la tête du pauvre grand poète de Louis XIV qui, de sa dernière demeure, doit être bien étonné s’il voit ce qui se passe sur les quais de Rouen.

Pendant ce temps, l’Italien « consultant » se sent ému, il attend la vérité de la bouche du père Louis.

Les cartes sont mêlées avec mille tours de passe-passe, puis, au bout de peu de temps, quand on n’a payé que deux sous, la perruche, sur l’ordre de son maître, cueille trois cartes avec son bec. On devine le reste. Les horoscopes sont généralement satisfaisans, depuis le jour où un malheureux superstitieux a eu la faiblesse de se jeter à la Seine à la suite d’une prophétie lui annonçant qu’il ne vivrait pas jusqu’à la fin de l’année.

La perruche du père Louis s’explique à la rigueur ; les cartes sont indispensables, mais le buste de Racine ? C’est là le vrai côté mystérieux de l’affaire.

Le diseur de bonne aventure gagne par jour, grâce aux petits « bouibouis » interlopes où il est bien reçu, douze ou quinze sous, en moyenne.

C’est peu, assurément ; mais c’est encore beaucoup quand on songe à cette dîme prélevée sur une superstition aussi ridicule.